Illustration et bande dessinée
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À la galerie du cinéma Churchill
Du 30 juin au 28 septembre 2025
Deux sections de l’ESA Saint-Luc, Illustration et Bande dessinée, une seule exposition !

Il y a là comme une évidence tant ces disciplines sont proches. Le dessin bien sûr ! En noir
et blanc, en couleur, au pinceau, tramé, ombré, à la plume, au crayon gris ou de couleur, au Bic, à l’encre, à l’aquarelle, au fil, au feutre, à l’aide d’une tablette graphique… Mais aussi, et peut-être même surtout, la narration. Les outils et les techniques diffèrent mais toujours avec cette volonté commune et irrépressible de raconter, émouvoir, distraire, faire rire, sensibiliser, surprendre, tisser des liens… Si la sororité de ces deux disciplines est indéniable, elles ne sont pas jumelles pour autant. La perméabilité des frontières entre l’illustration et la bande dessinée n’occultent pas les spécificités de chacune d’elles et cette exposition est une magnifique occasion de les mettre en lumière. L’illustration, par sa faculté à aimanter l’œil, couvre un large domaine. Qu’elle soutienne un recueil poétique, une manifestation culturelle, le conditionnement d’un jeu, une couverture de livre ou de magazine… elle se fait complice, séduit, attire, inspire. Mais là où l’illustration trouve son plus beau compagnonnage, c’est dans le domaine de l’album où elle enrichit et fait résonner les mots.
« Le livre est mon outil et je l’interroge » [1]
Qu’on ne s’y trompe pas ! Si l’image illustrée aime la beauté, elle s’est émancipée aujourd’hui de la facture classique d’antan et des dictats du « beau dessin ». Quelques traits suffisent parfois à exprimer avec force de grandes idées. Son charme agit par la vibration d’une couleur, l’association de matières ou encore le sensible d’une technique. Dans son carnet de recherche, l’illustrateur·trice cherche son langage. Patiemment, il-elle construit, interroge, jongle, dose, ose pour donner à voir, à entrevoir, à s’émouvoir et parfois même à réfléchir. La ligne claire, les gros nez, le réalisme, l’heroic fantasy, le comics, le manga, le roman graphique, la bande dessinée, pur imaginaire ou ancrée dans le réel, interpelle le lecteur, le questionne, le prend à témoin, l’in- forme, le surprend, le distrait, avec drôlerie ou sérieux.
« Intimité, simplicité, authenticité » [2]
Art séquentiel tel que défini par Will Eisner, la bande dessinée raconte
à partir d’images et de mots, alterne les pleins et les vides, donne l’illusion du continu dans le discontinu, s’amuse et s’étonne des cases fantômes. Inspirée, adaptée, héritière ou émancipée de ses modèles, novatrice ou classique, distrayante ou réflexive, bien souvent savourée imprimée, la bande dessinée, d’aventures ou introspective, est une écriture qui s’apprend et qui donne à voir le monde, à l’imaginer. Des cases, avec cadre et sans cadre, des strips, des planches, des gaufriers. Des dessins, tremblants ou hachurés, stylisés, complexes, simples ou virtuoses, moches, séduisants, élégants, grossiers. Des Grrr, haaaa, pouet pouet, plouf, glou glou glou. Des bulles. Du rythme, de la surprise, du mystère, une invitation à tourner la page… L’alchimie opère sans grand spectacle, sans budget hollywoodien, avec discrétion et de soi à soi. “Raconter un récit en bande dessinée du début jusqu’à la fin et que ce soit lisible par tous, que les étudiants soient les plus professionnels possible au niveau de leurs dessins et de leurs manières de raconter.” [3] Il ne faut pas avoir peur, le dessin s’acquiert. Il ne faut pas se poser de question et foncer, oser aller vers, on en apprend à travers le dessin des autres. Le dessin nous offre un éventail extraordinaire de possibilités.
« Aucune image n’est immédiate, toutes sont dans le loin, le tôt, le proche ou le tard. » [4]
Les travaux présentés ici sont issus des deux sections et des trois années de formations. Les enseignants ont sélectionné une panoplie de réalisations suffisamment variées pour laisser deviner le champ des possibles des deux disciplines et installer doutes, sur- prises et questionnements. La formation proposée à l’ESA offre la possibilité de toucher à différentes techniques, outils et moyens d’expression. Au contact des nombreux professionnels venus rythmer le cursus par le biais de rencontres et de workshops, les étudiants nourrissent leur démarche au contact des auteur.e.s dont le point de vue est personnel et singulier. L’école accueille souvent des étudiant.e.s d’horizons très différents et une formation artistique n’est pas indispensable pour démarrer.
En revanche, le moteur indispensable sera la passion curieuse, l’ouverture d’esprit, l’engagement et l’envie d’apprendre.
Les travaux présentés dans cette exposition sont en cheminement. Ils ne sont pas parfaits et ne correspondent peut-être pas tout à fait à l’idée que vous vous faites de ces disciplines. Ils reflètent néanmoins la diversité et la sincérité de parcours engagés et assumés où le rêve, l’intime, l’étrangeté et l’aventure sont encore de mise.
[1] Anne Herbauts, La tête dans la haie - dialogue avec Frédérique Dolphijn - éditions Esperluète
[2] Emma Dexter, extrait de la préface de Vitamine D : Nouvelles Perspectives en Dessin, éditions Phaidon, 2006
[3] Philippe Sadzot dit Fifi, extrait d’une capsule vidéo visible sur le site de Saint-Luc
[4] Jacques Prévert, Imaginaires, Skira, 1970