Cynthia EVERS et Alain JANSSENS

Peintures - Photographies
lundi 16 décembre 2019
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  Sommaire  

A la galerie de Wégimont
du 18 janvier au 23 février 2020
Vernissage le vendredi 17 janvier 2020 de 18h30 à 21h

 Cynthia EVERS

Fragments, instants
(Peintures)

Née à Bruxelles en 1962, Cynthia Evers vit et travaille en région hutoise. Formée en peinture (cours du jour) et en sculpture (cours du soir) à l’Académie des Beaux-Arts de Liège, elle reprenait les pinceaux en 2011 pour donner à son travail un tour à la fois intimiste et profondément engagé dans des thématiques féministes (ou à tout le moins féminines) ; celles-ci n’ont fait que s’affirmer depuis lors, sans donner pour autant à son travail un aspect rhétorique. La sensibilité prime en effet avant toute chose dans le travail de Cynthia Evers : sensibilité au cadre (très photographique voire cinématographique) et à la lumière, sensibilité à l’autre et à soi, souci de travail fini aussi bien que de la position et de la sensation du regardeur. Décadrages, allusions, poses de dos ou de trois quarts : beaucoup de choses dans les choix de Cynthia — qui pratique presque exclusivement l’acrylique sur toile — disent la pudeur et la retenue, mais signalent tout à la fois une immense attention au détail, un goût certain pour la minutie, une attirance pour le large format. À maints égards, le jeu en apparence contradictoire du propos et des formes, ou même des proportions, traduit ce mélange chez elle de célébration contenue et d’exaltation, ce besoin de s’émerveiller et ce besoin de (se) préserver.
Cynthia Evers

Sa prédilection pour les pieds et les mains est une façon de ne pas « sexuer » les attributs du contact, l’expression de la tendresse : « En jouant sur une ambiguïté mains féminines/mains masculines, j’ouvre la porte à l’égalité des sexes, au droit de chacun de faire ce qui lui plaît, que l’activité soit à la base jugée féminine ou masculine. Dans mes ‘Transparences’, je me sers de mes mains, mais étrangement les tableaux inspirent des moments masculins. Je réalise que peu de spectateurs sont prêts à hésiter, à imputer l’instant décrit à un homme ou à une femme sans a priori. Pourtant la solitude décrite se veut asexuée… ».

Ainsi l’exposition présentée ici mêle-t-elle plusieurs séries, tout en répondant à d’essentielles et constantes préoccupations. Si les « Nuques » et les « États d’âme » posent la question de la fragilité ou de la force féminine (« Les mains sont puissantes, elles sont porteuses de vécu ; la nuque est fragile, elle plie mais ne rompt pas… »), la série des « Nus » rompt, elle, avec la solitude, « même si la présence d’une autre personne n’est suggérée que par une main. Je vais à l’essentiel… la peau, un morceau de peau qui dit toute la femme, une étreinte de main qui dit un partage… ».

Volontiers expressionniste sur les bords, ne serait-ce que par le jeu des contrastes et des lumières, l’attitude des corps et des visages, le travail de Cynthia Evers ne se rattache pourtant à aucun courant ou à aucune influence explicites ; il trace son propre chemin et trouve, de plus en plus, la voie d’une belle reconnaissance publique et institutionnelle (en ce compris ses participations régulières à l’animation d’ateliers en Province de Liège, à Huy ou en d’autres endroits), qui lui vaut d’être davantage montré et salué.
Une démarche en forme de quête, personnelle et universelle à la fois, de la vérité d’un rapport humain, en même temps que d’un certain rapport à l’art, nourri de nécessité intérieure bien plus que de séduction facile.
Emmanuel d’Autreppe

Simplement

 Alain JANSSENS

Peau, Pelage, Paysage
(Photographies)

Peau, pelage, paysage
Photographier sans préméditation
Tomber amoureux
Au moins 3 secondes
Du pli de la peau
De l’élégance de la poire
Du port de la tête
De la blancheur du lard
(14/02/02)

Alain Janssens (né en 1956) a longtemps été professeur d’esthétique et de studio à l’ESA Saint-Luc Liège. Photographe d’architecture, il a développé au fil des années, avec rigueur et sans tapage, un travail très personnel, singulier et cohérent. Ses sujets n’ont rien de bien spectaculaire : arbres, plantes ou fruits ; l’environnement quotidien ou la promenade ; quelques vues de paysage, des portraits et des nus. Les lieux ont leur importance, mais jamais rien dans le sujet ne dicte l’image : l’enjeu chez Alain Janssens est ailleurs, à l’écoute de ce qui vibre dans l’inerte, dans la transfiguration du banal par la lumière, avec pour outil la lenteur de l’argentique et l’artisanat du noir et blanc.
Pratique intemporelle plutôt qu’anachronique, ni trop construite, ni trop cérébrale, une photo se doit chez lui d’allier le sens à la sensation, d’intégrer la spontanéité de l’instant, de l’accident.
Alain Janssens

Photographier
Jusque dans son corps
Résister dans l’équilibre
Trembler dans la tension
Éternuer dans la poussière
Perdu dans la matité
(03/04/02)

Son langage est nourri par la poésie, la peinture, la philosophie, le cinéma — de Philippe Jaccottet à Yves Bonnefoy, de Vladimir Jankélévitch à Michel Onfray, d’Antonioni à Tarkovski — sans oublier, rayon photo, Friedlander, Sudek ou encore la photographie japonaise, notamment Jun Shiraoka ou Fukase. On repérera d’ailleurs chez lui une forme de recherche, consciente ou inconsciente, de ce point de jonction tant prisé dans la pensée orientale, où les valeurs s’annulent ou s’inversent : le petit et le grand, le noir et le blanc, le beau et le trivial, le vide et le plein (son second livre, après Temps brassé, ne s’intitulait-il pas Nulle part et partout ?). Et ses petites notes de travail ont souvent la fulgurance du haïku ou de l’aphorisme : « Comment concilier l’orgueil et l’effacement — L’orgueil nécessaire à la survie dans un monde brutal — L’effacement nécessaire à la survie dans un monde orgueilleux »…
Peu narratives en soi, ses photos prennent sens par série, en séquence ou comme un rébus visuel éclaté, où chaque fragment renvoie au tout. Attentifs aux formats, aux tons et aux sons, aux rythmes comme à ceux d’une musique, ses tirages s’inscrivent, dans une grammaire renouvelée et une combinatoire constante, comme sur une portée. Les intervalles, silences et respirations y comptent autant que le visible, et les choses insignifiantes tissent entre elles de subtils réseaux d’oppositions et de correspondances…
De la poire à la pelure, du pelage au paysage, de la peau à la photo, il y a plus qu’un jeu sur les mots et une trop évidente allitération : le constat d’invisibles mais profondes racines, qui relient entre elles et unit dans une même fraîcheur des images de plus de trente ans, celles à peine faites d’hier — et celles enfin à faire demain.
Emmanuel d’Autreppe

(D’après le texte rédigé pour l’exposition DE LA TRANQUILLITÉ, présentée à Furnes par le Centre culturel de Marchin)

Le ravissement rend
la seconde éternelle
(22/06/03)

Une chose devient un objet quand elle passe de l’indétermination à la détermination, à un nom, une fonction (classement scientifique par exemple) ou à un statut (une pierre qui devient marteau).
Le sexe est certainement ce qui est le plus proche de la chose (de la nature) en l’homme et la sexualité ce qui l’en écarte le plus (elle est du plus pur imaginaire, passé au filtre du symbolique).
(23/04/13)

La part de l’évidence
La part du sens caché
Sans gravité, autour du noyau
Tenu à distance nucléaire
(25/03/15)

Ne pas faire une photographie de ça
Mais à partir de ça, faire une photographie
(18/06/16)

Pas d’image sans désir !
Pas d’image, cent désirs ?
(03/03/17)

L’abandon, la grâce
Quatre secondes de coton vibratoire
Jardin endormi
(04/08/17)

Ce délicat abîme
Qui se déchire quand une pensée enfouie de l’enfance
Crève la surface de la confortable conscience
(24/10/17)

Pas trop sûr
Une main douce
Dans la peau du temps
(26/11/18)

Sans titre

À partir de la chose muette,
De la chose sans nom,
Il s’agit de convoquer des schèmes,
Des représentations mentales
Qui replongent dans toutes les empathies
qui nous attachent au(x) monde(s)
Retomber amoureux des choses de la terre
(03/08/19)

Masculin féminin
Vanité sensualité
Et dans le carré, brutalement, la délicatesse
(19/11/19)


Les manifestations sont organisées par l’asbl Wégimont Culture,
avec le soutien du Service culture de la Province de Liège
et en collaboration avec la Fédération Wallonie-Bruxelles.

Visites samedi et dimanche de 14 h à 18 h ou sur rendez-vous

La Galerie est située sur le parking bas du Domaine provincial de Wégimont,
Chaussée de Wégimont, 76 – 4630 – SOUMAGNE
GSM : 0477 38 98 35- www.wegimontculture.be
Photos Comptoir d’estampes : wegimont.zonerama.com
e-mail : info@wegimontculture.be
https://www.facebook.com/wegimontculture


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