Les Chefs-d’œuvre gravés

À la galerie du cinéma Churchill
Du lundi 2 décembre 2024 au dimanche 23 février 2025
Prolongation jusqu’au dimanche 9 mars 2025
L’artiste sera présent le 2 décembre 2024, dès 16h

Il n’est pas fréquent qu’une institution culturelle, quelle qu’elle soit, parvienne à réunir dans une même exposition ce que d’aucuns considèrent comme les plus grands chefs d’œuvre de l’histoire de la peinture. C’est pourtant ce que se propose de faire Jean-Claude Salemi, artiste bruxellois protéiforme (graveur, illustrateur, graphiste, musicien… ) à la galerie du cinéma Churchill.
Doué d’un sens aigu de l’observation et d’un humour à la fois respectueux et espiègle, Jean-Claude Salemi nous invite à redécouvrir près d’une cinquantaine de tableaux, véritables jalons de l’histoire de l’art, inscrits dans la mé- moire collective et que nous croyons connaître. Il nous en restitue l’essence même au travers du prisme de son imaginaire et de ses questionnements d’artiste du XXI^e siècle. Comment ne pas s’interroger sur le regard qu’aurait porté Bruegel sur le monde d’aujourd’hui ? Comment aurait-il rendu compte des évolutions et des bouleversements de notre société ? Bruegel ou encore Vermeer, Manet, Matisse, etc… dont les images – c’est bien de cela qu’il s’agit – se retrouvent rassemblées au sein de cette exposition peu banale, exploration du monde gravé de Jean-Claude Salemi où, dépouillées de leurs couleurs, revisitées, agrémentées de petits détails saugrenus et judicieux, elles acquièrent une nouvelle présence, inattendue et éminemment jouissive. Un chauffe-eau chez David, des éoliennes chez Millet, un poste transistor chez Vermeer. Il y a de quoi sourire, en effet. Facétieux, Jean-Claude Salemi se glisse au sein même de l’œuvre, derrière les personnages, pour observer l’artiste au travail. Audacieux, il imagine des œuvres à quatre mains réunissant Manet et Magritte ou Picasso et Matisse.
Plus sombre parfois, il nous offre d’autres réinterprétations, d’ordre plus réflexif, qui nous ramènent à une actualité plus poignante et témoignent de réalités plus tragiques. Poétiques et politiques, pragmatiques et idéalistes, les images en noir et blanc de Jean-Claude Salemi vont à
l’essentiel et n’occultent en rien la qualité plastique des œuvres originales. C’est avec respect et une certaine humilité face à ces monstres sacrés de la peinture qu’il se permet de les revisiter et, malgré leur ‘actualisation’, les œuvres restent instantanément reconnaissables.
Jean-Claude Salemi nous fait non seulement sourire ou ré- fléchir, il nous apprend également à regarder, à scruter, à lire les images, il nous donne également une furieuse envie de nous précipiter au musée pour regarder, scruter et lire les originaux autrement.

Jean-Claude Salemi est né à Casablanca en 1950. Il étudie d’abord l’architecture à l’Institut Saint-Luc à Bruxelles, puis s’oriente vers la musique, joue de la guitare, conçoit des affiches pour des concerts de jazz, ainsi que des dessins humoristiques pour différents éditeurs. Avec Anne-Catherine Van Santen, il est le
co-fondateur en 1986, de l’atelier Razkas, collectif de graveurs et imprimeurs. Il réalise de nombreuses bandes dessinées et des pochettes de disques notamment pour Claude Semal ou Jacques Stotzem.
En gravure, il privilégie la technique de la linogravure, qu’il décline autour de sujets « déviés » tels que les musiciens, les coureurs cyclistes ou les chefs d’œuvre de la peinture.
Il vit et travaille à Bruxelles.