Marie Scailteur

Éclats d’âme
vendredi 11 janvier 2019
popularité : 41%

Du 19 janvier au 24 février 2019
Vernissage le vendredi 18 janvier à 18h30
à la galerie de Wégimont Culture

 « Je voulais peindre. Point »

Marie (Jeanne) (nous reviendrons sur cette mise en parenthèse, symbolique, me semble-t-il, de son travail) Scailteur peint depuis plus de vingt ans. Vingt ans de rencontres, multiples, et de lieux.
Saint-Luc, divers cours d’histoire de l’art, d’ateliers, de stages, une curiosité infinie pour l’art, l’Académie de Huy, de Namur, de Liège…
C’est d’ailleurs en poussant la lourde porte de l’Académie de Liège, qu’elle a su, avec certitude, que jamais plus elle ne s’ennuierait. Elle l’avait attendu, ce moment, depuis longtemps, toujours, presque. Mue, par ce désir, de peindre, d’oser franchir la porte, de l’Académie, depuis toute jeune. Ne pas céder sur son désir, comme disait l’autre (Lacan).

Et depuis, Marie peint, éperdument, cherche, doute, et observe, sans cesse, le monde qui l’entoure.

 Où es-tu ?

Se dévoilent, dans sa peinture, des lieux, une atmosphère, une impression, fugace, qu’il s’agira de retrouver, de recréer, à même la toile. Le mystère des marais, le calme de la mer, mais aussi sa violence, latente, la grisaille du Nord, la montagne…
Le sentier des joncs, aussi, et les étangs, en Baie de Somme, qui la feront penser à Ophélie et à Elisa Day. Une histoire de douceur, de beauté, d’amour et de violence, qui lui inspireront, notamment, la série « Ophélie », mélancolique, douce et forte.
Une constante dans le travail de Marie : cette impression de douceur, soulignée par des tons passés, froids, calmes (le bleu, les gris et blanc colorés, et le vert, qui pour elle est un réel besoin, une urgence), de mélancolie (les coulées, la douceur du coup de pinceau, un geste pictural doux et délicat). Mais aussi, pour qui sait regarder et prendre le temps, une violence latente, présente, mais discrète, en filigrane.

Oui, dans les peintures de Marie, ça coule, ça tombe, ça laisse des traces. Traces de ce qui a été vécu, ressenti. D’un souvenir, d’un sentiment.
Et que le langage (blablabla) ne peut donner à voir, à dire. Mais que la peinture, elle, tente d’exprimer. Inlassablement.

 Quand ?

Des traces du temps, qui passe.
Outre les lieux, l’espace, se ressent dans son travail le passage, inaltérable, du temps. Ses couleurs diluées, passées. Une impression d’effacement, aussi. Mais aussi et surtout, les différentes couches de peinture, qui loin de s’annuler, se superposent, s’assemblent. Une histoire. À même la toile, mais aussi par série. Car Marie travaille par série, longtemps, y revient, repart, jusqu’à épuiser son thème. Jusqu’au bout.

 Ici et maintenant

Vingt ans de peinture, donc. Que l’on découvre, ici, à Wégimont.
Trois thèmes, trois lieux.
Tout commence avec Babel. Des années que ce thème la travaillait. Elle, en effet, qui parle si peu, se méfie tant du langage, du blabla. Par ce thème, elle interroge la présence de l’homme, sur terre, présence violente, destructrice.
Ces peintures questionnent, aussi, la coupure entre l’homme et la nature. L’impossibilité de dire, par les mots, le monde qui nous entoure. Marque humaine, trop humaine. D’où le besoin, vital, de peindre, pour tenter de dire l’indicible. L’homme, en effet, est peu visible dans le travail de Marie. Et pourtant cette absence même interroge la présence humaine. Comme si la mise en lumière du monde de la nature nous rappelait notre place, éphémère, sur terre.Telles des ombres. C’est ainsi, grâce à ses photographies, que Marie (Jeanne) se montre. Mise entre parenthèse d’elle-même, pour apparaître, en filigrane, en silence. Là et pas là, en même temps.

Dualité qui est au cœur de son travail. Une impression de quiétude, de légèreté, mais traversée par une part sombre, violente. Entre douceur et énergie sauvage. Présence et absence. Dichotomie que l’on retrouve dans les deux salles principales de la galerie.

 Entre verticalité et horizontalité.

Distinction déjà opérée par Louise Bourgeois, pour qui la verticalité était de l’ordre du désir de s’enfuir. Là où l’horizontalité revenait à abandonner, s’endormir.
Sentiment d’abandon, oui, de solitude, de nostalgie, aussi, que l’on retrouve dans les peintures « Ophélie », ou « Finis Terra ». Loin des hommes, du monde, du bruit, de l’agitation. Moments de grâce, de légèreté, exprimés par la liquidité, les coulées, la fluidité.
Et en même temps, car les deux sont inséparables, la force, la présence, une certaine lourdeur, symbolisée, notamment, par le zinc. Une bande verticale, paf, comme un arrêt, un butoir, qui ouvre à une nouvelle lecture de l’œuvre.
Question d’équilibre, entre force et fragilité, raison et émotion, terre et ciel. Mouvement ascendant que l’on découvre juste à côté, dans l’autre salle. Avec « Les saules frissonnants », « Le murmure des grands arbres », « Le der »... Des moments de force, un retour à la terre, tel un homme, une femme, qui marche, vers son destin. Y aller, sans savoir où, mais y aller, et peindre, encore et toujours.

Et puis, aussi, quelques surprises, inclassables. Car Marie ne se cantonne pas. Et, par diverses approches, supports, techniques ouvre à une autre vision de son travail. Surtout ne pas s’enfermer, s’arrêter, mais continuer de chercher, et de douter. Sans blabla.
Tatiana Klejniak


Les manifestations sont organisées par l’asbl Wégimont Culture,
avec le soutien du Service culture de la Province de Liège
et en collaboration avec la Fédération Wallonie-Bruxelles.

La Galerie de Wégimont est située sur le parking bas du Domaine provincial
Chaussée de Wégimont, 76 -4630 – Soumagne
Gsm : 0477 38 98 35
 e-mail : info@wegimontculture.be
Visites les samedis et dimanches de 14 à 18 heures et sur rendez-vous
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Photos Comptoir d’estampes : wegimont.zonerama.com
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