Marie-Thérèse De Clercq / Frédéric Materne

Photographies
mardi 27 décembre 2016
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À la galerie du domaine de Wégimont à Soumagne,
du 21 janvier au 26 février 2017 –
Vernissage le vendredi 20 janvier à 18h30

Frédéric MATERNE sera présent à la Galerie
le samedi 11 février de 14 h à 17 h.
Rencontre conviviale avec l’artiste autour du verre de l’amitié.

Van 21/1 t/m 26/2/2017 (vernissage vrijdag 20 januari om 18u30) getoond worden in la Galerie de Wégimont, domaine provincial de Wégimont (entrée bas), 76 chaussée de Wégimont à 4630 Soumagne.
De tentoonstelling is te bezoeken op zater- en zondagen van 14 tot 18u en op afspraak (0477.389.835).

  Frédéric Materne

« En visitant ce musée, j’ai été frappé par ce que les fenêtres donnaient à voir. L’art, l’œuvre sont-ils dans les salles ou hors d’elles ? En regardant au travers de ces ouvertures, fenêtres sur la ville, je voyais des paysages, des formes abstraites, des peintures classiques et modernes... » Ainsi débute « Sofia Museum Madrid », série réalisée au dernier étage du musée de la Reine Sofia à Madrid en 2015.

Frédéric Materne, de la série « Cosmos », Japon, 2015.

Ailleurs (aux Açores), il s’agit d’une promenade terrestre, d’une recherche de calme et de soi, de la saisie d’un reflet, d’un souvenir... « Les photographies sont des peintures d’instants de vie et d’un parcours sur des îles d’une profondeur et d’une beauté sans frontières. » Ailleurs encore (nous sommes à présent à New York), c’est un décor, une rencontre, des taxis… du calme et de la douceur (« eh oui, New York, c’est aussi ça ! »)… une ville, des pas, des vues, des points de vues…
Pour sa série « 15m2 », après plusieurs voyages au Japon, le photographe s’est isolé dans un logement exigu : quinze mètres carrés pour voir, sentir, écouter, rêver, sans distraction extérieure : une sorte de réflexion intime, un chemin de vie, une retraite. On teste là les limites d’un pays, d’un lieu et celles de sa propre conscience. Le matin, la journée, la nuit, les sons, les senteurs, les silences donnent à penser et dessinent des images : une mise au point pour la photographe, et une invitation pour le spectateur, à voyager, à parcourir des mois et des années, à effleurer les apparences. De sentiments mitigés en monochromes instantanés, s’effacent les douleurs, reprennent des couleurs.
Dans la foulée, les « 15m2 » se sont transformés en un périple autour d’un bloc de maisons : c’est la série « Cosmos ». « Un peu comme la vie nous donne et nous reprend, ce parcours photographique donne à voir une voiture recouverte d’une bâche, un mur transpirant de la moiteur de l’humidité ambiante, des câbles électriques attendant les notes d’une mélodie, ou indiquant des chemins à suivre. Au loin, on retrouve un côté plus naturel, par ces arbres dessinés à l’encre de chine sur une surface claire. La réflexion sur mon choix est-elle la même ou pas ? Les questions sont là, et les réponses toujours pas. Rien ne dit que la vérité et le chemin choisis sont les bons. Sommes-nous dans un labyrinthe sans sortie, dans un jeu sans solution ? Un rêve me fait quitter ces images, et finalement je ne sais plus par qui ni où ces photographies ont été prises… »
Funambule sur une grammaire sensible et fragile qui n’appartient qu’à lui, Frédéric Materne parcourt la photographie depuis plus de vingt ans (et sa sortie, diplôme en poche, de l’École supérieure des Arts Saint-Luc). Depuis le temps, il en a fait, des choses… animé des ateliers, organisé des voyages et des conférences, remué ciel et terre pour ses étudiants, ses protégés, à l’Académie de Spa ou aux cours du soir à Liège… Expérimentateur et touche-à-tout (notamment aux techniques anciennes et aux pensées orientales), il nous invite ici, sur ses traces légères, à une promenade entre éveil et sommeil, dans un monde à bas bruit et où, rare, la lumière est d’autant plus belle…
Emmanuel d’Autreppe

 « I will write peace » Marie-Thérèse De Clercq

Sûrement Erik de Smedt voit-il extrêmement juste lorsqu’il affirme qu’il ne faut pas voir, dans la façon d’aborder la photographie de Marie-Thérèse De Clercq, la retranscription d’une réalité, mais bien plutôt l’expression d’une intériorité : « S’il y a une chose dont Marie-Thérèse De Clercq ne se préoccupe pas, c’est le côté “ réaliste ” de son travail (dans le sens reconnaissable). “ À quoi sert la précision en profondeur si elle ne va pas de pair avec une profondeur de sentiments ? ”. Avec cette phrase du photographe américain William Eugene Smith elle révèle l’essence de sa relation au médium. La caméra n’est pas fixée sur ce qu’il y a à voir “ à l’extérieur ”, elle se trouve à l’intersection d’un monde interne et externe qui s’influencent continuellement. Dans ses photos, il y a toujours plus que ce que l’on voit. L’image qui à cause du type de médium utilisé est basée sur des éléments visibles, s’éloigne petit à petit de son aspect “ identifiable ”. Les perspectives deviennent des visions. »

Marie-Thérèse De Clercq, War ! What is it good for, de la série « I will write peace ».

Complétée ici librement par d’autres images de la photographe, dialoguant avec des textes ou partie encore à la rencontre d’autres impromptus, la série de Marie-Thérèse De Clercq « I will write peace » a été montrée en avant-première au Wiels, à Bruxelles, en septembre 2015 dans le cadre de leur vaste programmation thématique « International Visual Poetry » ; elle l’a été également en mai 2016 à Eindhoven, à l’invitation de Brakke Boeken.
L’idée de cette série était conçue à l’origine comme une réponse, sous forme d’installation dans la cathédrale Saint-Martin d’Ypres, à la question « Who cares ? » et à l’intitulé, « Tempus horribilis », d’une exposition collective sur la Grande Guerre. Le titre même de la série de photos « I will write peace » est tiré du message de Sadako Sasaki (Hiroshima, 1943-1955), écrit sur une de ses « grues en papier plié » :

I will write peace
on your wings
and you will fly
all over the world

L’ample portée symbolique de ce simple énoncé (J’écrirai [la] paix/sur tes ailes/et tu voleras/de par le monde) prolonge de façon naturelle la façon dont la photographe elle-même définit ou aborde sa pratique : « Mes images signifient pour moi une façon de faire le lien avec l’énoncé de Paul Eluard : “ C’est une histoire bien connue que je conte, c’est un poème célèbre que je relis : je sus appuyé contre un mur avec des oreilles verdoyantes et des lèvre calcinées. ” Le résultat de mon travail n’est autre que le début de mon récit. Le visiteur est confronté aussi bien de façon littérale que figurée à un Spiegel im Spiegel : une image le confronte à lui-même. La question et l’affirmation trouvent-elles ici une réponse dans le “ I care ? ”… »

Marie-Thérèse De Clercq, The Forges of hell, de la série « I will write peace ».

Miroir questionnant, reflet de la grande Histoire et d’une pensée intime, accompagnée ou non de poèmes et d’épigrammes librement suscités par elles, les photographies de Marie-Thérèse De Clercq sont bien ces « écritures de lumière » que nous dit l’étymologie : elles tracent des signes lisibles, appellent des mots mouvants, éclairent du dedans une mémoire changeante…

Kijk, uit de ruïne
die ik was
rijst een monument
van vrede
Lichtscherm,
Erik de Smedt

Vois, de la ruine
que je fus
s’élève un monument
de paix
Écran de lumière,
Erik de Smedt
(traduit du néerlandais par Françoise Wuilmart)

Sieh, aus der Ruine,
die ich war,
erhebt sich ein Denkmal
des Friedens.
Lichtscherm,
Erik de Smedt

 Fotobeelden van Marie-Thérèse De Clercq, ver·taal·d in Lichtscherm

I will write peace

1. Op een zomerse zondag belandden 10 fotobeelden van Marie-Thérèse De Clercq in mijn mailbox – samen met de vraag of ik zin had er iets over te schrijven. Eerder had ik al een keer een essay over haar werk geschreven : de grondgedachte was dat fotografie bij haar geen realistische weergave van ‘de’ werkelijkheid is, maar een verbeelding van het innerlijk.

Een citaat :
[Als er één ding is waar de fotografe Marie-Thérèse De Clercq zich niet om bekommert, is dat het ‘realistische’ karakter van haar werk. “Wat baat het een grote scherptediepte te gebruiken als er niet voldoende gevoelsdiepte is ?” Met deze uitspraak van de Amerikaanse fotograaf W. Eugene Smith legt ze de kern van haar omgang met het medium bloot. De camera is niet gefixeerd op wat er ‘buiten’ te zien is, hij bevindt zich op het snijpunt van een innerlijke en uiterlijke wereld die elkaar voortdurend beïnvloeden. Er is in haar foto’s altijd meer dan wat je ziet. Het door de aard van het medium uiteraard op zichtbare elementen gebaseerde beeld zingt zich los van zijn ‘identificeerbaarheid’ … Uitzichten worden inzichten.]

2. Toen ik de cyclus van tien foto’s, bijeengebracht onder de noemer ‘I will write peace’ bekeek, wist ik dat er geen essay bij deze reeks zou ontstaan.
De fotobeelden zijn stuk voor stuk zo indringend en tegelijk zo kwetsbaar dat ze (in mijn ogen) geen discursieve omweg, zelfs geen afstandelijke duiding toelaten.
Wat de beelden in mij wakker maakten, moest in een geconcentreerdere, directere vorm tot uiting komen – een vorm die ook iets van het suggestieve, van de concentratie en de stilte van de foto’s zou bevatten.

3. Het werden tien epigrammen : korte, vierregelige verzen. Ze spreken een beeld aan, laten het in de ik-vorm zelf spreken of halen er een kwintessens uit naar voren.

4. Net als in Marie-Thérèses fotobeelden zit er in de epigrammen, na elkaar gelezen, een lijn, een gedachtegang, misschien zelfs een verhaal. In elk geval iets wat meer suggereert dan expliciteert.

5. In het boekje waarin de fotobeelden en de epigrammen zijn gebundeld, staan beeld en woord op bladzijden tegenover elkaar. Epigrammen mogen eigenlijk niet worden losgemaakt van datgene waarbij ze zijn ontstaan. Het zijn beeldgedichten die hun beeld nodig hebben.

6. De titel van de tien epigrammen ‘Lichtscherm’ verwijst naar de essentie van fotografie zoals Marie-Thérèse De Clercq die opvat : het gevoelige schrijven met licht.

7. Omdat fotografie een universele taal spreekt, vond ik het passend dat ook de epigrammen in meer dan één taal toegankelijk werden. Achterin de bundel zitten een Franse, Duitse en Engelse vertaling : Écran de lumière, Lichtschirm, Light Screen – een omzetting van Lichtscherm, dat de beelden van ‘I will write peace’ in woorden vertaalde.

Erik de Smedt

 Photos-images de Marie-Thérèse De Clercq, traduites en ‘Ecran de lumière’

I will write peace

1. Un jour d’été 10 photos-images de Marie-Thérèse De Clercq ont atterri dans ma boîte mail – me demandant si elles m’inspireraient pour les illustrer d’un texte. J’avais déjà écrit un texte à propos de son travail précédemment : l’idée de fond était que la photographie chez elle n’est pas une reproduction réaliste des choses mais plutôt l’image d’un monde intérieur.

Une citation :
[S’il y a une chose dont Marie-Thérèse De Clercq ne se préoccupe pas, c’est le côté ‘réaliste’ de son travail (dans le sens reconnaissable). « A quoi sert la précision en profondeur si elle ne va pas de pair avec une profondeur de sentiments ? ». Avec cette phrase du photographe Américian W.E. Smith elle révèle l’essence de sa relation au médium. La caméra n’est pas fixée sur ce qu’il y a à voir ‘à l’extérieur’, elle se trouve à l’intersection d’un monde interne et externe qui s’influencent continuellement. Dans ses photos il y a toujours plus que ce qu’on voit. L’image qui à cause du type de médium utilisé est basée sur des éléments visibles, s’éloigne petit à petit de son aspect ‘identifiable’… Les perspectives deviennent des visions.]

2. Lorsque je découvris la série de 10 photos rassemblées sous la dénomination ‘I will write peace’, je sus que je n’écrirais pas d’essai cette fois-ci.
Les photos-images sont chacune si pénétrantes et sensibles que (à mes yeux) elles ne tolèrent pas de description ni de mise à distance par quelqu’explication qui soit.
Ce que ces images éveillaient en moi devait être exprimé sous une forme plus concentrée, plus directe – une forme qui exprimerait également quelque chose de la subjectivité, de la concentration et du silence contenus dans ces photos.

3. Ce sont devenus 10 épigrammes : des vers courts de 4 lignes. Ils s’adressent à une des images – la laissent parler en ‘je’ ou en mettant une quintessence en évidence.

4. Tout comme dans les photos-images de Marie-Thérèse, il y a dans les épigrammes lus les uns à la suite des autres un tracé, une pensée, peut-être même une histoire. De toute façon quelque chose de plus que ce qu’ils explicitent.

5. Dans le petit recueil où les photos-images et les épigrammes sont rassemblés, l’image et le mot se trouvent sur des pages qui se font face. Les épigrammes ne peuvent en fait pas être séparés de ce dont ils sont issus. Ce sont des poèmes images qui ont besoin de leur image.

6. Le titre des 10 épigrammes, ‘Ecran de lumière’ fait référence à la photographie telle que Marie-Thérèse de Clercq la conçoit : l’écriture sensible éclairée.

7. Comme la photographie est un langage universel, j’ai trouvé qu’il convenait que les épigrammes soient accessibles en plus d’une langue. A l’arrière du recueil se trouvent une version française, allemande et anglaise : Ecran de lumière, Lichtschirm, Lightscreen – une conversion de Lichtscherm qui traduit les images de ‘I will write peace’ en mots.

Erik de Smedt
Traduit du néerlandais par Mireille Powis de Tenbossche


Les manifestations sont organisées par l’asbl Wégimont Culture,
avec le soutien du Service culture de la Province de Liège
et en collaboration avec la Fédération Wallonie-Bruxelles.

La Galerie de Wégimont est située sur le parking bas du Domaine provincial
Chaussée de Wégimont, 76 -4630 – Soumagne
Gsm : 0477 38 98 35
 e-mail : info@wegimontculture.be
Visites les samedis et dimanches de 14 à 18 heures et sur rendez-vous


Portfolio

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