Temps suspendus
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Pour cette exposition ayant comme titre Temps suspendus, on présente quatre regards féminins venant d’univers différents tout en utilisant un même médium, la photographie.
Chacune à sa propre sensibilité, sa propre expérience de vie… En regardant leurs images, il y a eu comme une évidence de les lier, relier ensemble.
Karima Hajji, diplômée de l’Institut supérieur St-Luc Liège en photographie, habituée à côtoyer le monde de la mode comme celui de la photographie de décoration, a choisi de présenter la femme, les femmes, une certaine femme. Malgré le nu présent, on retrouve une pudeur toute féminine dans le travail de Karima.
On y voit des racines comme tronc commun, racine devenant colonne du corps, racine se confondant au sexe féminin.
Et si Karima avait voulu montrer un intérieur féminin fragilisé ou méconnu ? Notre ossature est remplacée par la plante, ce qui pourrait faire penser à des sculptures végétales. L’esthétisme très visible dans les photographies renforce la beauté de la femme, des femmes tout comme un questionnement sur le rapport au corps.
Via Dolorosa : Éric
Depuis toujours, Jessica Hilltout est touchée par la force de vie qui se manifeste dans les situations même les plus difficiles. Elle présente ‘Éric’, un travail photographique explore cette aptitude à faire face la maladie.
Faire triompher la vie sans mettre de côté la souffrance traversée.
Éric est atteint de la maladie d’Alzheimer à l’âge de 56 ans.
Il sera malade dix ans. Ce projet se déroule durant ses deux dernières années de vie. Jessica le verra tous les quinze jours. Parfois en présence de sa femme Béatrice, ou d’Ariane, Valentine, Alexandre et Adrien (ses enfants).
La relation photographique avec Éric est silencieuse.
Être là, tout simplement, entièrement.
Elle prend très peu de photos.
Le clic de l’appareil comme seul son.
Peu de mots, les sens suffisent à eux-mêmes.
Les notes et photographies dans son cahier font
place à la mémoire qui disparaît.
Elle est témoin d’une vie qui s’en va.
Elle est témoin d’une famille qui s’unit dans la souffrance.
Le travail de Jessica est composé de photographies et d’écrits qui se répondent. Il raconte le dénuement de l’homme s’en allant vers une fragilité déconcertante.
Cécile Libert, enseignante de formation et diplômée de l’Académie Royale des Beaux-Arts de la ville de Liège (ESAHR) – section photographie, a choisi de présenter non des couples, non des femmes, pas de présence humaine dans ce travail.
L’oiseau prend son envol, serait-ce un lien entre notre intérieur peu visible et ce qui compose notre être ? On peut y voir ces oiseaux comme des cellules volant dans notre système nerveux, notre essence corporelle. Comme des souvenirs qui s’en vont, qui reviennent, dans lesquels nous nous plongeons, nous voyageons et qui nous relient les uns aux autres.
Peu importe l’image nette, floue, en couleur ou en noir et blanc, Cécile vous invite dans un voyage plongeant et survolant la vie de maintenant comme, peut-être, celle d’après. L’oiseau peut aussi se mêler à un vertige de la vie entre insouciance et retour à une réalité positive comme à son contraire. À moins que les volatiles ne représentent qu’une ouverture vers une liberté toute naturelle sans moyen moderne, hors connexion …
Véronique Weckx graphiste de formation et élève à l’Académie Royale des Beaux-Arts de la ville de Liège (ESAHR) – section photographie présente « Le pays de ma mère ».
Atteinte d’Alzheimer, la maman de Véronique est bien présente dans le travail de sa fille tant par les attitudes que par les souvenirs remontant à la surface. Présente par le regard parfois absent, le silence et la force des rides racontant son livre de vie. On revoit dans les images de Véronique des attitudes de nos voisins, nos parents, nos amis…
Ici pas d’hommage, pas de plaidoirie coupable, un juste regard sur une mère, sa mère, ce qui donne encore plus de force et de respect sur ces images remplies d’humanité.
Pas d’isolement dans la série de Véronique, mais une belle complicité Mère – Fille.
Le travail de Véronique est à voir, à lire en silence, sans fausse pudeur.